FABLES DE PHÈDRE.
5.— LE CHIEN QUI LÂCHE SA PROIE POUR L’OMBRE.
Amittit merito proprium qui alienum appetit.
Canis per flumen carnem cum ferret natans,
Lympharum in .speculo vidit simulacrum suum,
Aliamque praedam ab alio cane ferri putans
Eripere voluit ; verum decepta aviditas
Et quem tenebat ore dimisit cibum
Nec quem petebat adeo potuit tangere.
6.— LA VACHE, LA CHÈVRE ET LA BREBIS, EN SOCIÉTÉ AVEC LE LION.
Nunquam est fidelis cum potenti societas ;
Testatur hæc fabella propositum meum.
Vacca et capella et patiens ovis injuriæ
Socii fuere cum leone in saltibus.
Hi cum cepissent cervum vasti corporis,
Sic est locutus partibus factis leo :
« Ego primam tollo ; nominor quia rex mea est ;
Secundam, quia sum socius, tribuetis milii ;
5. — LE CHIEN QUI LÂCHE SA PROIE POUR L’OMBRE.
On perd justement son bien, quand on convoite celui d’autrui. Un chien qui traversait un fleuve à la nage en emportant un
morceau de viande, vit son image dans le miroir des eaux, et,
croyant voir une seconde proie emportée par un second chien,
il voulut la ravir ; mais son avidité fut trompée, il lâcha la nour¬
riture que tenait sa gueule et, du reste, il ne put atteindre celle
qu’il convoitait.
6.—LA VACHE, LA CHÈVRE ET LA BREBIS, EN SOCIÉTÉ AVEC LE LION.
Jamais il n’y a de sûreté à s’associer avec un puissant ; la
preuve de ce que j’avance, cette courte fable va la donner.
La vache, la chèvre et la brebis résignée à l’injustice firent
société avec le lion dans les pâturages des forêts. Comme ils
avaient pris un cerf de grande taille, le lion parla ainsi, après
avoir fait les paris : « Je prends la première, vu mon titre de
roi, elle m’appartient ; la seconde, puisque je suis associé, me sera