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FABLES DE PHÈDRE.

10.— LE LIÈVRE ET LE MOINEAU.

Sibi non cavere et aliis consilium dare

Stultum esse paucis ostendemus versibus.
Oppressum ab aquila, fletus et dantem graves,

Leporem objurgabat passer : « Ubi pernicitas

Nota » inquit « illa est ? quid ita cessarunt pedes ? »

Dum loquitur, ipsum accipiter necopinum rapit

Questuque vano clamitantem interficit.
Lepus semianimus : « Mortis en solacium.
Qui modo securus nostra irridebas mala,
Simili querela fata deploras tua. »

11.— LE LOUP PLAIDANT CONTRE LE RENARD
 PAR DEVANT LE SINGE.

Quicunque turpi fraude semel innotuit,
Etiamsi verum dicit amittit fidem.
Hoc attestatur brevis Æsopi fabula.

10.— LE LIÈVRE ET LE MOINEAU.

Ne pas se tenir sur ses gardes et conseiller autrui, c’est sot¬
 tise. Nous allons le montrer en peu de vers.
Un lièvre, saisi soudain par un aigle, poussait de profonds
 gémissements, et un moineau le gourmandait : « Qu’est devenue
 cette fameuse vitesse, lui disait-il ? et pourquoi tes pieds sont-ils
 restés oisifs ? » Il parlait encore, quand à son tour un épervier le
 ravit à l’improviste, et le met à mort malgré ses plaintes et ses 
cris. « Voici, dit le lièvre avant d’expirer, ce qui me console de
 mourir. Tout à l’heure bien tranquille, tu te riais de mes maux, et
 maintenant, comme moi, tu te plains et tu déplores ta destinée. »
11.— LE LOUP PLAIDANT CONTRE LE RENARD PAR DEVANT LE SINGE.
Quiconque s’est fait connaître une fois par une honteuse four¬ 
berie, a beau dire ensuite la vérité, il perd tout crédit. C’est ce 
dont témoigne une courte fable d’Ésope.