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Page:Phelan - Les deux anneaux (légende de la Nouvelle-France), 1853.djvu/43

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ma sœur m’a paru connaître M. Aubert ; mais il m’a expliqué qu’il ne l’avait vue qu’à Québec au moment elle allait partir pour la France. J’étais à la veille de vous demander de m’accorder une entrevue lorsque le hasard m’a si bien servi, comme je viens de vous le dire. Votre sœur vous fera part elle-même de son histoire ; je vous dirai seulement que c’est moi qui, dans mon dernier voyage à la Louisiane, ai eu le bonheur de la retrouver, bien pourvue en fait de fortune, mais veuve de celui dont elle porte maintenant le nom. Pour votre père nous n’en avons pu rien apprendre.

— Hélas ! ni moi non plus, jusqu’à présent, ajouta Bronsy.

— Maintenant, reprit M. Boldéro, qui courut embrasser à son tour ceux qu’il reconnaissait pour ses neveux, je veux savoir si vous consentez à venir avec moi en France ?

Bronsy, tenté par cette magnifique proposition, allait peut-être l’accepter de suite, lorsque, à la demande de Mme Aubert, éloquemment sollicitée par un regard de sa fille, il fut unanimement résolu qu’on remettrait la décision de cette question jusqu’à l’arrivée de M. Aubert, — « Et surtout, ajouta Bronsy penché vers Blanche, jusqu’à ce que notre mariage ait eu lieu. »

Une semaine s’était à peine écoulée depuis le désastreux incendie qui privait M. Aubert d’une partie considérable de ses biens, lorsque revenu de son excursion chez les Abénaquis, il déployait sous les yeux de son collègue, les trésors qu’il en rapportait et qui lui eurent bientôt fait oublier la perte qu’il avait essuyée à Montréal. Aussi, s’empressa-t-il de remplir ses engagements auprès de Bronsy et de Blanche en les conduisant lui-même à l’autel, comme il se l’était promis. Mais la légende ne dit point si à la suite de cet heureux évènement, Bronsy persista dans son penchant à préférer l’ancienne France à la nouvelle.

Un Montréalais.
Montréal, avril 1853.