Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/15

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C. — Non ; je sais arrêté moi-même par la parole de Dieu : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. » « Ne jugez point avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, qui mettra en évidence les choses cachées dans les ténèbres et qui manifestera les desseins des cœurs[1]. »

S. — Mais ces paroles divines sont-elles dites dans l’Évangile à propos du sujet dont nous nous entretenons maintenant ?

C. — Les premières paroles sont prononcées contre ceux qui aiment généralement à condamner ; les dernières s’adressent précisément à ceux qui jugent les docteurs de la foi, même ces docteurs qui, sur le fondement de Jésus-Christ, « édifient du bois, du foin, du chaume[2]. »

S. — Il me semble que ce sont deux choses différentes que de juger de l’indignité des docteurs de la foi et de l’hétérodoxie des Églises.

C. — Est-ce qu’il est plus facile de condamner toute une Église qu’un seul homme ?

S. — Mais comment donc puis-je me convaincre qu’une Église vaut mieux que les autres Églises dissidentes, s’il ne m’est pas du tout permis de juger de leur hétérodoxie ?

C. — Comment oseriez-vous les juger ? Mettez-vous vous-même en présence de Dieu et de votre conscience, et demandez-vous si vous vous sentez investi du pouvoir de lier et de délier les Églises.

S.— Je reconnais ma témérité ; mais je suis téméraire par la crainte de périr hors de l’Église orthodoxe.

  1. Mat., vii, 1 ; I Cor. iv, 5.
  2. I Cor. iii, 12.