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Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/39

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l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de science, de piété et de le crainte du Seigneur[1]. »

S. — Laissons cette analogie entre l’hypostase du Saint-Esprit et la volonté ou l’amour : ce n’est qu’une supposition toute personnelle du bienheureux Augustin. En tout cas, pourquoi ne pas dire que l’amour provient de la connaissance et de la pensée ?

C. — Il me semble que cela n’est pas du tout difficile à expliquer. Examinons la connaissance, la pensée et l’amour dans un cas donné. Par exemple, vous connaissez votre père ?…

S. — Sans doute.

C. — Vous pensez à lui ?

S. — Certainement.

C. — Vous l’aimez ?

S. — Personne ne pourrait en douter.

C. — Eh bien, aimez-vous votre père parce que vous pensez à lui, ou pensez-vous à lui parce que vous l’aimez ?

S. — Je ne sais que dire : J’aime mon père parce que je pense à lui comme à un père, et je pense à lui parce que je l’aime.

C. — Cela suffit. Vous ne pouvez donc pas dire positivement que votre amour pour votre père provient de la pensée. Mais, dites-moi, aimez-vous votre père lors même que vous ne pensez point à lui ?

S. — Je crois que mon cœur l’aime lors même que je ne pense point à lui d’une manière positive.

C. — Mais si vous n’aviez aucune connaissance de votre père, comme père ?…

S. — Alors je n’aurais pas non plus d’amour pour

  1. Ésaïe, xi, 2, 3.