Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/92

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étendue à travers l’espace et le temps. Quand je cherche à embrasser cette image dans son ensemble, telle qu’elle est dans tous les temps du christianisme, je me la représente par parties, de la même manière que dans le livre de Daniel est représentée l’image analogue de peuples et de royaumes ; et je trouve d’abord, dans l’Église primitive apostolique, une image de la tête, de la tête d’or très-fin[1] ; puis dans l’Église qui se fortifie et s’étend, celle du sein et des bras ; dans l’Église abondante, une ressemblance du ventre ; enfin dans l’Église divisée et morcelée, celle des jambes et des orteils. Dans cette image palpable, ou dans l’Église visible, se trouve le corps imperceptible de Jésus-Christ, ou l’Église invisible, « l’Église glorieuse, n’ayant ni tache ni ride, ni rien de semblable[2]. » Mais toute la gloire de cette Église est au dedans[3] ; c’est pourquoi je ne la vois pas d’une manière claire et distincte, mais, conformément au symbole, je la crois, car « la foi est une démonstration des choses qu’on ne voit pas[4]. » Quant à l’Église visible, dont l’invisible est comme revêtue, d’un côté elle fait ressortir la pureté de cette dernière, pour que tous puissent la trouver, elle aussi, et entrer en communion avec elle ; de l’autre elle voile sa gloire. L’Église visible a des membres sains et des membres infirmes[5]. Déjà dans les temps des apôtres, il se trouvait « plusieurs qui falsifiaient la parole de Dieu[6] ; » il n’est pas étonnant qu’à présent il y en ait plus encore.

  1. Daniel, ii, 32.
  2. Éphés., v, 27.
  3. Ps. xliv, liv., 14.
  4. Hébr., xi, 1.
  5. I Corinth., viii, 10, 12.
  6. II Corinth., ii, 17.