Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/171

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Il la portait en effet simplement, il avait beaucoup de naturel dans le jeu. Il y avait en lui quatre choses bleues : les deux faveurs et ses deux yeux. Et comme il souriait, les quatre choses se ressemblaient.

Elle dit :

— Racontez-moi encore des histoires.

Elle appelait cela des histoires.

Jean dit :

— J’en connais une qui est bien pénible. Vous ignorez certaines folies qui s’abattent des pères sur les fils. La folie des miens est de n’avoir jamais su dédorer ses idoles. Mon histoire est baroque. Mais l’esprit en est encore sur moi et je me demande quel est le drame, quelle est l’aventure qui le pourrait chasser. Il y a tant de choses que je ne puis vaincre encore. Un jour, mon père avait dix ans et vivait chez sa mère qui était pauvre. Un oncle vint les voir. C’était une fête : ma grand’mère offrit une bouteille de vin. Mon père l’alla chercher. Il était un fils de pauvres sans espoir et sans envie et qui s’était assis, comme cela, dans une idée que le monde lui donnait sa part. Il revint. On avait versé le