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Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/182

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où l’herbe, les haies et mon cœur formaient un tapis à mes pieds, ombrageaient mon corps et voisinaient. Et, soudain, il se passa ceci. Il y eut au monde comme une ouverture. Jamais je n’avais pensé qu’il y eût des femmes et qu’il y eût un amour. Dirai-je que je l’appris ? Non, c’est comme si j’allais l’oublier. Alors je me couchai dans l’herbe, je soulevai ma tête avec l’un de mes bras et je me tins là, dans un monde sans pareil, où je caressais quelque chose de doux comme le satin. Mon adolescence commençait et je me tins couché dans l’herbe, au seuil de ma vie, tout occupé à la vêtir de couleurs si belles que mes sentiments se levaient l’un après l’autre pour les mieux voir. Et je me disais : « Oh ! voilà ce qu’il faut faire. Je vais rentrer, j’étudierai les mathématiques pour me présenter à l’École forestière de Nancy. Je veux habiter dans les bois, pour que rien ne vienne me contredire. J’aurai une femme et je la garderai comme on garde la vérité quand on l’a recueillie. Elle sera toute blanche. »

Nous sommes plus complets qu’on ne l’a cru et, parmi les obscures combinaisons de