Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/202

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Et il répétait :

— Je veux que tu dormes dans mes bras. Il y a de mauvaises personnes que l’on rencontre dans nos sommeils. Tu sentiras que je suis là et tu pourras dire : Mauvaise personne, je ne vous crains pas. Je voudrais être là pour tout ce qui se passe dans ta tête.

Et que le jour naquît, que huit heures vînt, que la vie du matin croisât sur le quai les cris d’été des marchandes des quatre-saisons, ils s’étendaient ensemble et nouaient leurs corps avec une façon de nouer alors les principes mêmes d’un bonheur qui leur était donné. Elle était mince et longue, avec deux seins clairs, un gonflement de la hanche et une profondeur dans sa chair qui semblait pleine d’un trésor. Elle s’enroulait bien autour de Jean et trouvait en elle-même une force qui la gardait longtemps enroulée. Elle vivait, il lui venait des histoires sur son corps.

— Tu ne sais pas, mon petit mari. Une fois, j’avais douze ans. Jamais je ne m’étais bien regardée. C’est un dimanche matin que je changeais de chemise. J’ai baissé la tête et tout d’un coup je me suis aperçue que quelque