Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oh ! oui, pour sûr ! disait Marie. Moi, si j’avais su ça, je n’aurais jamais rien voulu avec toi.

Et il reprenait :

— Ah ! mon enfance, ah ! mon enfance ! Ne dis pas qu’il n’y a qu’un an que je te connais. Dans toute mon enfance, dans toute ma vie, je marchais, je pensais, je riais, j’accomplissais mes actions autour d’un centre comme on les accomplit autour de l’œil de Dieu qui nous voit. Il y avait une place dans mon cœur et tous mes sentiments, autour de cette place groupés, s’alignaient et tiraient leur révérence. Ils étaient purs et jeunes, je me demandais : « Qu’ont-ils ? Chacun sort de sa petite maison. » Et puis tu es venue, je savais bien qu’il y avait quelqu’un : c’est toi que sur la place on saluait. Tu vois tout et il n’est rien que je ne t’adresse. Tu as toujours tout vu. Lorsque je faisais des mathématiques, parfois il me restait un quart d’heure avant la fin de l’étude. J’aurais pu travailler encore et attendre : c’est toujours sur le quart d’heure de flânerie qu’on vous interroge à l’examen. Je pensais : « Tant pis ! Je veux vivre. » Et je m’accoudais, je