Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/221

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je me sentais plus grand de t’avoir compris, je me sentais plus fort d’être compris par toi et mon âme, dépassant sa limite, s’appuyait sur la tienne lorsqu’elle allait loin.

« Je t’écris aujourd’hui. Je sais que ce jour comptera pour chacun de nous.

« Marie et moi, nous nous aimons. Depuis les plus hauts sommets de la vie, il me semble qu’elle soit venue à moi, par sa force et selon la pente naturelle de toutes choses. Je fais des phrases, vois-tu, mais c’est bien moins pour grossir le sentiment que j’éprouve que par cette incapacité qu’ont les hommes d’exprimer les vérités humaines. Ne me condamne pas, Raphaël. Jamais je n’ai eu la conscience d’avoir trahi l’amitié que je te porte. Il n’y a pas de ma faute. Je dis plus : Peut-être y a-t-il de la tienne. Tu m’as présenté Marie, tu as cru t’en tenir au contact premier et arrêter les choses sur la foi de ton geste. Tu as été bien présomptueux. Il y a des vérités de pleine chair que l’orgueil même ne fait que précipiter.

« Je ne te dépeindrai aucun de mes sentiments, car tu pourrais y répondre. Voici : Il