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Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/257

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Il dit :

— Alors, tu te figures qu’il suffit de venir me voir ? Je ne veux rien faire maintenant. L’année prochaine, tu auras vingt et un ans, tu seras libre de tes actions.

Il devait être un peu plus de trois heures. Le soleil, à leur gauche, au-dessus des coteaux du Rhône, semblait fondre l’azur d’un ciel bleu et, répandu sur les champs selon sa masse, les saisissait comme s’il eût voulu tout assommer.

Elle dit :

— Grand-père, j’ai chaud.

Il répondit :

— Si tu as chaud, il faut encore marcher. Plus loin, il y a de l’ombre. J’ai à te causer, je te causerai une fois assis.

C’était une promenade ordinaire, comme plusieurs fois elle en avait faites en compagnie de son grand-père, au temps des vacances, alors qu’elle y mêlait un mot de jeune fille et qu’il suffisait à leur vie de poser une pensée sur la branche voisine. Puis le chemin suivait le contour d’un pré, dévallait et, s’abandonnant à la pente comme un obscur chemin de cam-