Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/28

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mère avait coutume de donner les vêtements de Marie, lorsque celle-ci ne les pouvait plus porter, dit un jour un mot, dans une bande d’enfants :

— Oui, oui, Marie Donadieu ! Et puis, c’est une menteuse.

Marie l’apprit. C’était un soir d’automne, où des vapeurs arrondissaient les choses et semblaient à jamais pénétrer le monde comme une conscience brouillée. Elle se tint dans un renfoncement de haie, et là, les coudes serrés, elle pressait une sorte de colère entre ses bras pour la mieux faire jaillir. L’enfant passa : l’endroit était sa route. Marie fit ses deux pas, sans un geste.

— Viens là, toi.

L’enfant s’approcha, fascinée comme un pauvre chez qui toute joie marche à son échéance :

— Tu as ma robe !

La petite fille eut de grosses larmes qui se suivirent et tombèrent de ces réservoirs où la chasse d’eau est toujours prête à partir. Marie l’entoura du bras gauche et la déboutonna de la main droite. L’enfant suivit ses mouvements