Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/301

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d’appui et, replié, seul, comme adossé, se tint si loin d’elle qu’elle le regarda longtemps pour le voir. C’était un beau soir. Au tournant de la Seine, une souplesse avait pris l’onde qui, sans hâte et toute sûre, vers la gauche, du côté du bout du monde, suivait une autre onde encore. Le ciel était tendre et fin, l’air était cendré, l’air était tout en ciel. Et Octobre semblable à un fruit qui va bientôt tomber !

Il n’attendit pas davantage.

— Non, ce n’est pas cela, ce n’est pas cela ! Autrefois, nous aurions été l’un près de l’autre à nous dire : Souviens-toi… Qu’est-ce qui a passé entre nous ? Nous avons cru nous ressouder par un baiser. Je suis triste.

Il se tut, puis il reprit :

— Peut-être n’est-ce qu’en ce moment et pour un instant que je suis triste. Ne dis rien, tout est fini : nous avons pris chacun notre place. Autrefois aussi, j’étais triste. Quand j’étais triste, autrefois, je sentais la mélancolie du monde. Aujourd’hui, quand je suis triste, je pense. Je pense, et que ce mot t’apprenne où j’en suis. Tu reviens trop tard : tu m’as laissé le temps de réfléchir. Et je sais