Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/321

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mière au milieu. Il y a des coins du monde qui te redonnent à ma mémoire et auxquels je crois que tu as manqué. Mais tu étais là avec tes deux yeux bleus, avec la chaumière, avec un vallon, avec une fleur vive, avec cette fleur de tes yeux qui tremblent et qui reçoivent la vie avec attention. Je regardais à droite, je regardais à gauche, un ruisseau s’arrêtait dans sa voie ; je n’ai pas pu me rendre compte, mais quelque chose existait, qui était au complet. Il semblait ne pas y avoir de pente, et un équilibre singulier, une paix unique, une symétrie, comme si tous les objets du vallon dont j’occupais le centre se fussent répondus par-dessus ma tête. Je m’assis ; d’ordinaire je vais beaucoup plus loin que là où je suis. Ah ! Marie, je m’occupais du passé ; en vérité, il n’y avait plus de temps, je regardais, je composais tout pour mon bonheur, je prenais un sentiment d’autrefois, je le promenais dans ma tête comme pour savoir ce qu’il ferait de moi, comme pour expérimenter une forme d’avenir. Je t’installais dans le sentier, je t’installais au seuil de la chaumière, je me demandais : Comment ferait-elle ici ? Je