Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/327

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s’en aller, elle me viderait de tous mes maux. Oh ! dis-moi qu’il est bon de mourir. Il y a des amants qui sont morts ensemble. On s’enlace longtemps, l’éternité commence, on la goûte, elle est là, elle est au bout d’un baiser. Tu sais, la volupté : l’éternité tout entière s’en empare et l’applique sur vous au moment de votre mort. Ou plutôt, tu ne sais pas. Tu avais un revolver, Jean. Je le connais : il était nacré, il était fin, il allait à la paume de ma main. Je t’assure qu’il était fait pour moi. Regarde : je ne suis plus couchée, je m’assieds, je m’adosse à ton lit. Je serai toute nue si tu le désires. Je suis belle, Jean, je ne crains pas de mourir nue. Et lorsque tu t’étendras sur ma peau, je veux que tu te multiplies, que tout en toi s’enroule autour de mon corps, qu’il n’y ait pas un point que tu n’occupes, pas un point que tu m’aies laissé. Je te dis même qu’il n’y aura pas de mort. Il y aura que, petit à petit, je sentirai que je m’évapore. Je penserai : Je me quitte, je vais aller habiter mon Jean.

Il marchait alors, il se campa, il lui semblait arrêter du pied une balle qu’un enfant a lancé.

— Marie, quelqu’un m’a dit un jour : « La