Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/64

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les mêle aux pensées du bien-aimé. Un jour, elle demanda à Raphaël :

— Il y a dans ma chambre une jeune fille. C’est joli. Elle a de grands cheveux et des bouquets. Au-dessous d’elle, il y a écrit : Ophélie. Ça doit être une histoire. Qui était-ce qu’Ophélie ?

Il répondit :

— Je ne sais pas. C’est un nom.

Le mois de juillet, cette année-là, enveloppa la campagne dans une vapeur plus claire, et l’on respirait le vent qui naissait dans les blés mûrs comme l’odeur de la terre heureuse. Il y eut des après-midi où l’ombre verte des feuilles accueillait le soleil en ses mailles et semblait un beau treillis, la claire-voie qui borde les jardins des Marie-rêvant. Il venait à la jeune fille le sentiment même qu’il fallait, et qui s’orientait dans le sens de la lumière pour en être doré. Parfois sa joie éclatait devant un rosier et la faisait comme parler aux roses : « Mais qu’avez-vous à être si fières ? Vous n’avez pas un Raphaël comme moi ! » Elle marcha beaucoup dans les allées. À quelque tournant, il allait apparaître. D’ailleurs il