Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/66

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lières douleurs. Il ne s’agissait plus de Raphaël, alors.

Leur amour allait vite. Il fut fier d’elle, tout aussitôt. Il se trouva qu’elle chantait des romances, qu’elle connaissait les notes du piano et qu’elle entraînait la vie dans son mouvement. Un jour de fête, à Lyon, il fallut bien qu’il la laissât entrer dans une baraque où trois coups de tam-tam percés de deux coups de grelots faisaient entendre jusque dans la rue une musique inconnue et comme souterraine. On dansait là la danse du ventre. Elle en comprit le sens et la portée ; puis elle voulut monter chez Raphaël où elle se déshabilla bien vite et repoussa l’amour qu’il lui tendait dès que la porte était close ; et, devant l’armoire à glace, campée, les coudes levés à la hauteur de la tête, elle remua des hanches et tourna du nombril avec une élasticité qui la mettait du premier coup au rang de celles que tous les jeux du désir ont façonnées.

Elle chantait une de ces romances qu’a composées Jean-Jacques Rousseau :

Que le jour me dure
Passé loin de toi…