Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/79

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pour soulever les plis. Il y avait bien des yeux : les yeux des adolescents qui sortent tout ce qu’ils contiennent, les yeux des employés qui ne brillent que le dimanche, les yeux des riches, qui s’y connaissent et qui vous touchent pour vous apprécier. Il y avait les yeux en colère des ouvriers des fabriques et il y avait des contremaîtres pleins d’un espoir neuf et qui regardaient le monde avec de beaux yeux de barbares. Il y avait tout ce qu’un regard effleure, les terres vierges soupçonnées par delà le premier coteau, pour lesquelles il faut descendre la chaloupe du bord et mener à la découverte trois des aventuriers de l’équipage. Un éclat de voix, une plume de chapeau, la courbe d’un passant, une façon de se presser qu’avaient deux amoureux, lui semblaient le geste d’un autre bonheur pour lequel elle était née. Elle avait le sentiment de la femme en elle et se sentait partir pour si loin qu’elle n’avait le mépris d’aucune arrivée. Un voyou et sa compagne, un ivrogne, une dispute dans la rue, quelque louche animal reniflant ses jupes au passage, tout ce qui était de la vie, ce qu’un monde assimile et ce