Aller au contenu

Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

On lui avait composé une adresse, dans une agence, passage de l’Opéra. Amélie faisait écrire les lettres, les envoyait à l’agence, qui les expédiait à Basile avec le timbre de Paris, et elle recevait encore les réponses adressées à Madame Crouzat. Madame Crouzat écrivait : « Parvenue au terme de ma carrière, à cet âge où la femme se retourne vers le passé et pense à Dieu qui l’a frappée dans les siens, j’ai trouvé sur ma route une jeune fille, votre enfant, et je ne sais pourquoi s’est allégé mon fardeau. Il est bien tard, sans doute. La religion ne m’avait pas consolée… » Basile en pleurait. Ah ! comme il comprenait qu’on aimât sa Marie ! Il ne se décida, du reste, que le jour où Madame Crouzat offrit à Marie cinquante francs par mois, avec le titre de demoiselle de compagnie. Malgré tout, Basile était un paysan et voulait bâtir sur quelque chose.

On n’annonça la nouvelle à Raphaël que lorsque tout fut arrêté. Il fut étonné. Chacun avait marché dans son sens : les deux femmes qui faisaient leur travail de taupe et le fils d’entrepreneur, silencieux, qui calculait long-