Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/80

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des hommes, au plaisir qu’il goûte à être honoré par eux, à ce que c’est que la justice et la tempérance, voilà ce que ne sauraient apprendre à ceux qui gravissent leurs cimes ni le mont Athos, ni l’Olympe si célébré des poëtes ; il faut que ce soit l’âme qui pénètre toutes ces choses ; l’âme en effet, lorsqu’elle est pure et sans souillure en abordant cette contemplation, peut s’élancer bien au-dessus du Caucase. »

VI. Ayant dépassé la montagne, ils rencontrèrent des hommes montés sur des éléphants. Ce sont des peuplades qui habitent entre le Caucase et le fleuve Cophène[1] ; elles sont pauvres et se servent d’éléphants comme de chevaux. Quelques-uns conduisent des chameaux, dont les Indiens se servent pour la course ; ces animaux font mille stades par jour sans se reposer. Un Indien, monté sur un chameau, demanda au guide où ils allaient ; ensuite, ayant appris le but et le motif du voyage, il l’annonça aux autres nomades, et poussèrent des cris de joie, invitèrent les voyageurs à s’approcher, puis leur donnèrent du vin qu’ils font avec des dattes, du miel composé avec le même fruit, et de la chair de panthères et de lions nouvellement écorchés. Les voyageurs acceptèrent tous ces présents, excepté les viandes, et traversèrent leur pays, se dirigeant toujours vers l’Orient.

VII. Comme ils prenaient un repas près d’une fontaine, Damis versa dans une coupe du vin que leur avait donné les Indiens : « Je vous engage, Apollonius, après une si longue abstinence de vin, à faire ici une libation à Jupiter Sauveur. Je suppose bien que vous ne refuserez pas cette liqueur, comme vous faites pour le jus de la vigne. » Et il fit une libation en invoquant Jupiter. « Est-ce que nous ne nous abstenons pas, dit Apollonius en souriant,

  1. C’est un des affluents de l’Indus.