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tière de faïence, et laissez-le là. Le repos de la nuit le concentre et lui donne un velouté qui le rend meilleur. Le bon Dieu ne peut pas s’offenser de ce petit raffinement, car il est lui-même tout excellence. »


MÉDITATION VII

THÉORIE DE LA FRITURE[1]


48. — C’était un beau jour du mois de mai : le soleil versait ses rayons les plus doux sur les toits enfumés de la ville aux jouissances, et les rues (chose rare) ne présentaient ni boue ni poussière.

Les lourdes diligences avaient depuis longtemps cessé d’ébranler le pavé ; les tombereaux massifs se reposaient encore, et on ne voyait plus circuler que ces voitures découvertes, d’où les beautés indigènes et exotiques, abritées sous les chapeaux les plus élégants, ont coutume de laisser tomber des regards tant dédaigneux sur les chétifs, et tant coquets sur les beaux garçons.

Il était donc trois heures après midi quand le professeur vint s’asseoir dans le fauteuil aux méditations.

Sa jambe droite était verticalement appuyée sur le parquet ; la gauche, en s’étendant, formait une diagonale ; il avait les reins convenablement adossés, et ses

  1. Ce mot friture s’applique également à l’action de frire, au moyen employé pour frire, et à la chose frite.