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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/224

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Ce serait un travail digne des plus savants que de rechercher pourquoi deux de nos sens n’impressionnent point l’âme pendant le sommeil, tandis que les quatre autres jouissent de presque toute leur puissance. Je ne connais aucun psychologue qui s’en soit occupé.

Remarquons aussi que plus les affections que nous éprouvons en dormant sont intérieures, plus elles ont de force. Ainsi, les idées les plus sensuelles ne sont rien auprès des angoisses qu’on ressent si on rêve qu’on a perdu un enfant chéri, ou qu’on va être pendu. On peut se réveiller en pareil cas tout trempé de sueur ou tout mouillé de larmes.

nature des songes.

88. — Quelle que soit la bizarrerie des idées qui quelquefois nous agitent en dormant, cependant, en y regardant d’un peu près, on verra que ce ne sont que des souvenirs ou des combinaisons de souvenirs. Je suis tenté de dire que les songes ne sont que la mémoire des sens.

Leur étrangeté ne consiste donc qu’en ce que l’association de ces idées est insolite, parce qu’elle s’est affranchie des lois de la chronologie, des convenances et du temps ; de sorte que, en dernière analyse, personne n’a jamais rêvé à ce qui lui était auparavant tout à fait inconnu.

On ne s’étonnera pas de la singularité de nos rêves, si l’on réfléchit que, pour l’homme éveillé, quatre puissances se surveillent et se rectifient réciproquement ; savoir : la vue, l’ouïe, le toucher et la mémoire ; au lieu que, chez celui qui dort, chaque sens est abandonné à ses seules ressources.

Je serais tenté de comparer ces deux états du cerveau