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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/252

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MÉDITATION XXII

TRAITEMENT PRÉSERVATIF OU CURATIF DE L’OBÉSITÉ[1]


106. — Je commence par un fait qui prouve qu’il faut du courage, soit pour se préserver, soit pour se guérir de l’obésité.

M. Louis Greffulhe, que Sa Majesté honora plus tard du titre de comte, vint me voir un matin, et me dit qu’il avait appris que je m’étais occupé de l’obésité : qu’il en était fortement menacé, et qu’il venait me demander des conseils.

« Monsieur, lui dis-je, n’étant pas docteur à diplôme : je suis maître de vous refuser ; cependant je suis à vos ordres, mais à une condition : c’est que vous donnerez votre parole d’honneur de suivre, pendant un mois, avec une exactitude rigoureuse, la règle de conduite que je vous donnerai. »

M. Greffulhe fit la promesse exigée, en me prenant sa main, et dès le lendemain je lui délivrai mon fetva, dont le premier article était de se peser au commencement et à la fin du traitement, afin d’avoir une base mathématique pour en vérifier le résultat.

  1. Il y a environ vingt ans que j’avais entrepris un traité ex profeso sur l’obésité. Mes lecteurs doivent surtout en regretter la préface : elle avait la forme dramatique, et j’y prouvais à un médecin que la fièvre est bien moins dangereuse qu’un procès, car ce dernier, après avoir fait courir, attendre, mentir, pester le plaideur, après l’avoir indéfiniment privé de repos, de joie et d’argent, finissait encore par le rendre malade et le faire mourir de malemort : vérité tout aussi bonne à propager qu’aucune autre.