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Page:Pièces qui ont remporté les deux prix.tome 4.djvu/117

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ET LA PROPAGATION DU FEU.

Démonſtration de la propoſition précédente, tirée de la vîteſſe & des effets des rayons du Soleil. On connoît la vîteſſe des rayons du Soleil depuis les obſervations que M.rs Huguens & Roëmer ont faites ſur les Eclipſes des Satellites de Jupiter, cette vîteſſe eſt environ de 7 à 8 minutes pour venir du Soleil à nous : or, on trouve par le calcul, que ſi le Soleil eſt à 24000 demi-diametres de la Terre, il s’enſuit que la lumiére parcourt en venant de cet Aſtre à nous, mille millions de pieds par ſeconde en nombres ronds ; & un Boulet de Canon d’une livre de balle pouſſé par une demi-livre de Poudre, ne fait que 600 pieds en une ſeconde, ainſi la rapidité des rayons du Soleil ſurpaſſe en nombres ronds 1666600 fois celle d’un boulet d’une livre.

Or l’effet de la force d’un corps étant le produit de ſa masse par sa vîtesse[1], un rayon qui ne ſeroit que 1666600 moins peſant qu’un boulet d’une livre, feroit le même effet que le Canon, & un ſeul inſtant de lumiére détruiroit tout l’Univers ; & je ne crois pas que nous ayons de minimum pour aſſigner l’extrême tenuité d’un corps qui n’étant que 1666600 fois moins peſant qu’un boulet d’une livre, feroit de ſi terribles effets, & dont des millions de milliars paſſent à travers un trou d’épingle, pénétrent dans les pores d’un Diamant, & frappent ſans ceſſe l’organe le plus délicat de notre corps ſans le bleſſer, & même ſans ſe faire ſentir.

13o. La voye dont M.rs Huguens & Roëmer ſe ſont ſervis pour découvrir le mouvement de la lumiére, & pour déterminer la vîteſſe avec laquelle elle nous vient du Soleil, étant une voye de comparaiſon, il ſeroit très-possible, & il est même très-probable que les rayons perdent de leur vîteſſe comme de leur quantité, par la réflexion, & que les différents corps réfléchiſſent la lumiére avec plus ou moins de force ſelon leur différente élaſticité (de quelque façon que la réflexion s’opere) ainsi la lumière nous vient peut-être

  1. Mais que ſeroit-ce encore ſi la force d’un corps étoit le produit de ſa maſſe par le quarré de ſa vîteſſe, comme M. Leibnitz, & de très-grands Philoſophes l’ont prétendu, & comme on le croiroit encore, ſans la façon admirable dont M. de Mairan a prouvé le contraire !