190 TRAITE SUR LE FLUX fanteur ? Auffi a-t- elle été reconnue depuis les fiécles les plus reculés ; mais on n'en a connu toute l'évidence & toutes les loix , que depuis la Philofophie immortelle de M.NEWTON. Les premieres conféquences que nous avons tirées de ce principe pour l'explication des Marées , font purement Géométriques. Nous pouvons donc être affûrés de connoître la vraie caufe des Marées , quoique nous en ignorions encore la cauſe premiere , qui eft la cauſe générale & phyfique de la pefanteur . S'il y avoit quelqu'un qui eût deviné cette premiere cauſe , il mériteroit d'autant plus la préférence , que fon Syftême renfermeroit néceffairement la vraie cauſe univerfelle de la pefanteur : cette conféquence fera la pierre de touche pour prouver la vérité d'un tel Syftême fur les Marées. Il en eft de ceci , comme fi l'on demandoit , par exemple , pourquoi la furface de l'eau dans un refervoir ſe met toujours horisontalement : on voit qu'on ne fçauroit en dire la premiere cauſe , fans qu'elle renferme la vraie Théorie fur la pefanteur & fur la fluidité , qui feules peuvent être la vraie cauſe du Phénomene en queftion.Cette feule refléxion m'a fait quitter quelques conjectures qui fe préfentoient à mon efprit fur la caufe matérielle des Marées , quoiqu'elles me paruffent d'ailleurs affez plauſibles. Je n'ai fait au refte en employant ce principe , que ce que Kepler a déja fait. M. Newton eft allé beaucoup plus loin fur cette matiere , après avoir démontré auparavant que la pefanteur vers chaque corps dans le Syftême du monde diminue en raiſon quarrée reciproque des diftances : d'où il a tiré plufieurs nouvelles propriétés fur les Marées , leſquelles s'accordant avec les Obfervations , pourroient confirmer davantage fon principe fur la diminution de la pefanteur , s'il avoit befoin d'autres preuves. Ce principe n'a pourtant pas beaucoup d'influence , fi je me fouviens bien , fur les variations des Marées , qui dépendent des Phafes de la Lune , des déclinaifons des Luminaires & de la latitude des lieux, foit à l'égard des hauteurs des Marées , ſoit à l'égard de l'heure des Marées. Il ne fert principalement
