Page:Piétresson de Saint-Aubin - Promenade aux cimetières de Paris.djvu/63

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terres supérieures. Elle sert au jardinier du cimetière, pour arroser les petits jardins qui entourent les tombeaux. Il la transporte d’un tombeau à l’autre, dans une voiture trainée par un âne. Cette eau est assez limpide et bonne à boire.

Le cimetière du père La Chaise est le plus vaste des quatre cimetières de Paris. On assure qu’il a au moins 60 ou 80 arpens d’étendue, entièrement clos de murs en pierre. Il se compose, ainsi que nous l’avons dit, principalement d’une colline. A l’entrée seulement, le terrain offre quelque apparence de plaine, et à droite, du côté de Charonne et de Vincennes, est une espèce de vallée qui, dans le temps où ce lieu était une maison de plaisance, devait être charmante. A gauche et derrière les bâtimens de la cour, est une autre plaine, où le concierge et le portier ont établi des jardins, et où se creusent journellement les fosses communes. La colline et la vallée de droite sont destinées à recevoir les tombes monumentales.

Dans le temps que ce cimetière était un lieu de plaisir, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, sa position devait faire le charme principal de cette habitation. Il est peu d’endroits, dans les environs de Paris, dont la perspective soit aussi étendue et aussi variée. Des appartemens de sa maison, le père La Chaise dominait la capitale à l’ouest, apercevait Belleville, Montmartre et Menilmontant ; au midi, sa vue embrassait tout l’horizon de Bicêtre et de Meudon ; et, à l’est, elle planait délicieusement sur la belle plaine de Saint-Mande, Montreuil, Vincennes, et sur les rives si fertiles et si riantes de la Marne. Maintenant déserte, cette colline, qui est presque au niveau du dôme du Panthéon, présente de loin sa solitude et ses tombeaux aux voyageurs qui arrivent à Paris, par les routes du levant, du midi et du couchant ; et celui qui la visite voit, d’un même coup-d’œil, le séjour des vivans et celui des morts.