Page:Piétresson de Saint-Aubin - Promenade aux cimetières de Paris.djvu/65

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cimetière à la mode, dans ce pays où tout est soumis aux lois de cette frivole déesse. C’est là que les riches et les grands de la capitale choisissent presque tous leurs sépultures. Il n’est pas rare d’y voir des tombeaux, dont l’emplacement est concédé perpétuité aux familles des défunts. Ces concessions de terrain ne s’accordent qu’à prix d’argent, et c’est précisément la raison qui les fait rechercher. La manie de se distinguer est si bien dans la nature de l’homme, qu’il s’efforce de la satisfaire, même après sa mort. Dans la revue que nous allons faire des tombeaux les plus remarquables du cimetière du père La Chaise, nous aurons occasion de citer plusieurs de ces tombes, construites pour servir de sépulture aux générations de toute une famille.

Le terrain s’y vend au mètre carré, et chaque mètre coûte, d’après ce que nous a dit le concierge, au moins 350 francs.

Le cimetière du père La Chaise offre une singularité que n’ont point les autres cimetières de Paris. Destiné autrefois à faire les délices d’un homme puissant, il conserve encore aujourd’hui des objets qui rappellent cette destination. Ainsi, les allées d’arbres que l’on y voit indiquent les lieux d’agrément de cette propriété, tandis que les abricotiers, pruniers, poiriers et pommiers, qui aujourd’hui encore fleurissent et rapportent des fruits dans ce séjour de mort, annoncent l’endroit où était le verger du révérend père. Ce bizarre mélange de tombeaux, avec des objets qui supposent la vie de l’homme, de cyprès, de peupliers et de saules pleureurs, avec des arbres à la culture desquels la main de l’homme est nécessaire, est encore une des causes qui rendent la vue de ce cimetière moins attristante que celle du Champ du Repos.

De même que nous l’avons fait pour celui-ci, nous allons parcourir rapidement les tombes du cimetière du père La Chaise, et citer celles qui nous paraîtront présenter quelque intérêt.