Page:Picard - L Instant eternel.djvu/128

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EFFUSIONS


Lorsque je vous aurai rencontré, tout à l’heure,
Vite je rentrerai m’asseoir dans ma demeure,
Je fermerai la porte et mon cœur sera seul,
Dans son parfum, ainsi que, le soir, un tilleul…
Je ne voudrai rien voir qui ne soit de la joie,
Mes mains dévideront un léger fil de soie,
Toucheront un bouquet, un livre jeune et pur
Et le silence clair comme un rideau d’azur.
La tiédeur ouvrira ses paupières dorées,
Toutes vous sourirez, ô mes larmes pleurées,
Et je m’appuierai fort contre l'instant chéri,
Et le temps montera comme un arbre fleuri,
Et je ne retiendrai de l’heure intense enfuie
Qu’un profond bruit d’amour, de musique et de pluie…

Quand on viendra me voir j’aurai mes plus longs yeux,
Et vos doigts paraîtront posés sur mes cheveux,
Mon cœur s’épanchera par ses chères blessures,
Les minutes vivront droites, nobles et sûres,