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LE SUPRÊME ESPOIR


Si je devenais simple ainsi que le bon pain,
Si je devenais juste à force de me vaincre,
Si je devenais fraîche ainsi qu’un blanc raisin,
Si j’arrivais, mon cœur rebelle, à vous convaincre,

Si je vous enseignais l’orgueil persévérant
Qui ressemble au sillon lumineux de la plaine,
Et si je vous donnais un silence odorant
Comme, dans le soleil, un pied chaud de verveine,

Si je vous modelais, mon cœur, un beau contour,
Et si je vous donnais un battement si vaste
Qu’ensemble, il animât le devoir et l’amour,
L’heure passionnée à travers l’heure chaste,

Si j’avais des mots purs, des chants harmonieux,
L’esprit bien en lumière ainsi qu’un livre sage
Où se penchent la lampe et le regard des dieux,
Si j’avais la pitié dans l’ombre du visage,