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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/106

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SABBAT

tuition, qui te moques des philosophes avec les lièvres et les agneaux…

— Et, aussi, avec les merles et le serpent universel.

— …Toi qui ne cherches qu’un Dieu, pourtant, mais qui n’admets pas sa rigueur et n’implores pas son amour… Toi qui t’offres à lui comme une aide de bonne volonté, fière et douce, et qui, lorsqu’il te murmure, du fond de la violette : « Libère-moi ! » lui dis simplement…

— Vivez, Seigneur.

— …Toi qui ne fus mise en servitude ni par les coutumes, ni par les lois, ni par les cultes, ni par l’amour, ni par tes sens, ni par ton rêve, ni par les autres, ni par toi…

— Ni par moi.

— …Toi qui échapperas même à la mort…

— Surtout à la mort.

— …Toi qui n’accompagnes aucun roi et ne paies aucun esclave, qui t’es séparée des captifs et n’as pas suivi les vagabonds, qui n’as que faire des couronnes…

— Sauf de celles que je me tresse.

— …Toi — ô farouche et radieuse ! — qui ne dis pas comme les autres lorsque tu penses comme Dieu…

— Il est des jours où il pense comme moi.

— Chère orgueilleuse ! Toi qui es, à toi-même, ton commencement et ta fin, ta caravane et ta tente, ton maître et ton disciple, tes honneurs et tes récréations, ta force et ta liberté…