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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/142

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SABBAT

Dans l’odeur de l’eau de toilette et de l’animalité en pleine exaspération, eh bien ! oui, ils vous disaient : « Ma petite femme adorée !… » et ils soufflaient, ils soufflaient comme des courants d’air dans un logis pauvre.

Et, sur leur face de mauvais voyous, vous ne voyiez qu’un désir : l’effraction.

Ah ! l’homme qui, dans ces moments-là, aurait figure froide et volontaire de filou, grâce sobre de scélérat ! Mais quel est l’amant qui, pour se donner de l’allure, s’imagine, dans ces moments-là, qu’il s’est promis de dérober le trésor papal, dans la muraille secrète, et qui chausse la mule de velours, et qui s’arme des clefs fleurdelisées, forgées tout exprès pour le contact du gant nocturne ?

Comme vous rêvez d’un Être assez spirituel pour entrer, sans frapper, chez vous, sans que s’ouvre la porte ; assez matériel pour que vous le sentiez, dans votre couche, tout contre vous, tout contre vous ; assez ravissant pour vous dire : « Je ne regarde pas l’aurore que vous avez, ici, la nuit que vous avez, là, la grande tache brune qui, en forme de croissant — ah ! ma chère, ma chère ! — est la damnation de votre chair éblouissante, sa permanente confusion, sa contradiction, son égarement… Un rien de peau de mûlatresse à cet endroit — cet endroit ! — et c’est le stigmate, galérienne ; la tare, princesse ; le péché originel, Madame ; l’arc-en-ciel de la… mésalliance, belle Endymienne… Mais — ras-