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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/235

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SABBAT

— Eh bien ! oui, oui, oui, je t’aime, je t’aime, je t’ai…

— Mon cher suppôt, pourquoi me résistez-vous ? J’admettrais votre espoir de recouvrer votre liberté, un jour, si j’étais une de ces démones mélancoliques, vaporeuses et débiles qui ne sont fidèles à leurs possédés que trois ou quatre cent mille ans. Mais moi !

— Et dire qu’en prononçant ces paroles épouvantables, elle jongle avec deux oranges !

— Votre âme et la mienne, Seigneur… Et ce citron vert qui se mêle au jeu aérien, par instant…

— C’est ?…

— L’âme de Satan, mon amour.

— Je m’évanouis.

— Sous mes yeux à l’étincelle intermittente…

— Comment échapper à cette diablesse ?

— En ne la fuyant plus. Approche-toi, et tu verras, miraculeusement, s’élever, au milieu de nos soupirs de Séraphins, une rose… Et notre éternité s’accomplira car il est dit que je t’aurai…