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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/260

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SABBAT

rient, en robe blanche, aux fenêtres, il ouvre les antres cyclopéens et dérobe aux dieux difformes, le rocher, la foudre et le cri.

Sais-tu quel nom il prend ce soir ? À quoi bon te le dire ? Tu le connais, déjà.

Mais sache que l’amour te charge, ce soir, de tous les crimes mentaux que j’ai commis, de tous les péchés de mes instincts et de ma connaissance, qu’il met, dans tes yeux, mes nuits sans rêves, ces nuits où les morts nous remplissent, comme des sacs vides, de toute l’horreur et de tout le néant…

Sache qu’il pose, sur ta bouche, mon poing fermé, qu’il arrose, sur ton front, mon âme de pétrole, qu’il l’allume comme un incendie qui ne doit plus s’éteindre.

Sache qu’il me fait te crier : « Mon véritable règne commence en toi. Toutes tes minutes, même celles qui me trahissent, tu les verseras dans mes mains car je ne me sépare plus de toi depuis que je connais ce bonheur désespéré, frénétique, comme créateur de te voir bouger, fils indigne de ma tristesse aux flancs d’animal. »

Sache encore, qu’abandonnant l’appareil magnifique de la colère et son éloquence pure, il me fait te chuchoter : « Derrière toutes tes actions vénielles et mortelles, tu retrouveras mon visage, et les putains de tes nostalgies, tu les étrangleras, peut-être, las de m’entendre ricaner quand elles ont, au cou, le ruban rouge de la complaisance et l’accroche-cœur, ici.