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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/268

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ORGUEIL

Chère belle passion, tu ne me vis jamais l’humilité frileuse des arbres que novembre fait se dévêtir dans la bourrasque, l’immobilité suppliante de l’aveugle qui tend sa sébile aux feuilles mortes de l’avenue.

J’ai un étrange goût pour les pirates, et, aussi, pour leurs frères plus modestes : les voleurs. Je salue, en ceux qui guettent et dépouillent, mon âme patiente et avide, mes étincelants yeux sombres au fond desquels personne, personne ne voit de quelle effrayante lumière peuvent briller les butins convoités.

T’ai-je dit que j’aie jamais reçu ? T’ai-je dit que j’aie jamais demandé ? Si, peut-être, deux ou trois fois, j’employai cette manière, je t’avoue que c’était par manœuvre infernale. Les vagabonds la connaissent : ils mendient un morceau de pain à la porte qui s’ouvre. Malheur ! La porte s’est ouverte… Et tu as compris…

C’est toujours en m’efforçant que j’ai ac-