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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/51

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SABBAT

le Diable en moi, c’est-à-dire la liberté. J’exalte cette prédestination.

— Satan en vous ! Dès votre première heure ! Malheureuse, malheureuse ! Vous êtes de ceux que le divin Sauveur…

— Je sais : Le vôtre.

…A, de toute éternité, marqués pour la réprobation.

— Hein ?

Ce sont là des mystères insondables. Mais, voyez-vous, les ailes qui vous soulèvent, qui vous emportent, qui nous humilient, qui nous soufflettent, qui nous épouvantent…

— Elles me torturent surtout. Le vol est une si grande angoisse quand il commence ! Il faut tant de courage — si vous saviez — à ceux qui sont passés par le baptistère, pour n’être pas… des catholiques, car, ainsi que vous le dites : c’est si facile !

Mais c’est de vous qu’il s’agit, présentement, de vous qui serez sauvés, qui aurez à jamais, à jamais, à jamais — vous en avez la certitude et vous en éprouvez une certaine coquetterie, heureux privilégiés ! — une couronne de roses sur votre tête poudrée des pellicules du fonctionnarisme, pelée ici et là, élégamment, par l’artério-sclérose et quelque peu déshonorée par votre sécurité de comptables car, enfin, le ciel, c’est votre retraite, cher Monsieur Combiendefois…

— Nous le gagnons.

— Oui… en faisant maigre, le vendredi.