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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/59

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SABBAT

En votre nom, vous qui rêviez de Dieu parmi les hommes, vous savez qu’on inventa la sanction la plus inconcevable : la mort éternelle à l’amour…

Venez avec nous ! Je suis certaine que vous voudrez ajouter, vous que toutes les poésies, toutes les démences entouraient, le rayon de votre Mystère éternel à la vigilance du feu souterrain que la ronde aimable des démons ne cesse pas d’attiser pour rallier, autour des morts, les chaudes sorcières de la nuit.

Et la corolle de douceur et de silence qui représente votre corps et votre sang, enseigne-t-on, emportez-la, de grâce ! Elle est livrée aux langues qu’on absout des péchés de sacristie…

Ah ! si l’instant de Dieu doit fondre ineffablement dans les âmes, dites, Jésus, dites, ce n’est pas à l’aide de ces formules, ce n’est pas à cause de ces complaisances conventionnelles d’un pécheur pour un pécheur et lorsqu’une chasuble d’apparat se penche sur une lèvre soumise, routinière et pardonnée.

Vous la poserez, vous, la corolle mystérieuse qui, sûrement, veut se donner à des grâces plus naïves, sur les marguerites et sous l’aile des oiseaux, sur le museau du chien errant et sur le cœur ardent du loup. Et, comme le loup ne demande qu’à entendre votre Évangile, il l’écoutera prêché par vous, — à vous qu’on a toujours trahi ! — contre vos genoux, le rayon à l’oreille, le royaume du Seigneur dans l’âme, la paix sur la gueule, un soir où