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Page:Pichot - Le Dernier roi d'Arles, d'Amyot, 1848.djvu/113

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102 LE DERNIER

core aperçu très-distinctement, par un beau clair de lune, dans l’^clos de la maison des chevaliers du Temple, un drac à forme humaine.

— « Le sacristain Godion est bien crédule, dit Armande.

— « Comment donc , Armande, vous ne croyez pas aux dracs du Rhône ? ni aux fées peut-être ?

— « Je n’en ai jamais vu, répondit Annande.

— « Tant mieux ou plutôt tant pis, dit le maréchal ; car s’il est de méchantes fées, il en est de bonnes, et vous seriez la favorite de celles-ci. Je voudrais vous lire, si vous saviez le latin, mon chapitre sur les lamies et les stryges, de lamiis , dracis et phantasiis ; mais il me snfflra de vous citer notre digne archevêque, mon beau-frère, qui m’a raconté lui-même qu’étant encore à la mamelle, il dormait dans son berceau, lorsque sa mère fut éveillée vers minuit par ses cris de terreur. La noble dame se lève, le cherche partout inutilement ; et ayant allumé une lampe, elle le retrouve enfin tout emmaillotté dans un baquet plein d’eau ! C’était une mauvaise fée, qui était jalouse probablement de l’eau de son baptême. . . Je crois avoir assez bien expliqué cette lutte des bons et des mauvais esprits dans mon livre. » Armande se garda de contester un fait dont un archevêque au berceau était le héros principal. — « Mais, dit-elle, je suis bien certaine que notre lion n’avait rien de diabolique dans sa nature , et je crois même que l’homme qu’il aurait, disait-on, dévoré, vit encore.

— « En vérité ? s’écria le maréchal. Serait-ce un autre Jonas qui sortit vivant des entrailles de la baleine ? Comment le savez-vous, Armande ? »

Armande avoua qu’elle ne pouvait savoir que par conjecture tous les détails de l’évasion du lion et du captif qu’on l’accusait d’avoir dévoré ; mais un matelot de la