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Page:Pichot - Le Dernier roi d'Arles, d'Amyot, 1848.djvu/116

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BOI D*ABLBS. lOâ

— «Leqad ? Un monstre qui a plusieurs tétcs, et qui n’eu a pas une. Définissez , si vous pouvez, la république d’Arles. Est-ce là une république ? Non ; car c’est un royaume. Est-ce un royaume ? Non ; car c’est une république. Arles a plus de têtes que l’hydre, et aucune de ces tètes n’est adhérente à son corps. Une de ces tètes s’appelle l’empereur, une autre le comte de Provence, une troisième le roi d’Aragon , et une quatrième le seigneur des Baux ; chacune d’elles jetant sur les autres des regards d’envie et de haine ; toutes étant prèles d’ailleurs à dévorer comme une proie la république elle-même. Par égard pour mon parent le prélat, je ne parle pas d’une cinquième tète qu’un troubadour a comparée à celle du monstre appelé le porco-sacerdos. Eh bien I cette Chimère, bien autrement curieuse que celle de Beilérophon, a encore des membres qui se déchirent les uns les autres, au lieu de se concerter contre l’ennemi commun. Est-ce un portrait imaginaire, Armande , que je viens de vous esquisser ?

— « Non, non, senhor maréchal : mon père ne voit pas autrement que vous ces continuelles séditions dans les rues de la ville , et, sur les grandes routes, ces bandits étrangers qui rançonnent les voyageurs , en attendant qu’un prince ou un seigneur les prenne à sa solde : mon père se félicite tous les jours d’habiter la plus sûre de nos citadelles , car tous ces nobles qui crénellent leurs maisons et les flanquent de tourelles y sont souvent pris d’assaut , tandis que jusqu’ici la prison est restée inviolable. Mais pour le moment tout est tranquille dans Arles, et vous-même vous croyez à la trêve, senhor ; car hier encore il y avait bal chez vous.

— « C’est vrai ; la maréchale s’est crue obligée de donner une fête au comte de Provence, dont elle est l’alliée.