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Page:Pichot - Le Dernier roi d'Arles, d'Amyot, 1848.djvu/120

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BOI d’ABLES. 109

réels de son climat , de ses sites et des monnments de trois civilisations successives. Il est même plusieurs lieues d’étendue, à travers cette contrée, où le voyageur peut, à bon droit , s’étonner du caractère âpre et sauvage de la nature , de la fertilité rebelle du sol et de la triste monotonie du paysage. Qui oserait vanter les charmes de la Provence sur cette route de Lambesc à Orgon , que bordent par intervalles quelques saules au tronc mutilé, ou des mûriers dépouillés de leurs feuilles, avec de rares oliviers gris de cendre , et çà et là une masure abritée contre une palissade de sombres cyprès ? Supposez que sur cette route le mistral impétueux soulève les épaisses couches de la poussière, et qu’un soleil ardent achève de brûler la dernière verdure d’une végétation avare on épuisée par six mois de sécheresse , pendant que l’invisible cigale vous poursuit de son bruit importun ; vous chercherez bientôt du regard si quelque oasis ne complète pas au moins la comparaison que vous vous permettez de faire entre les déserts de l’Afrique et ceux de la Provence... Consolez -vous, vous approchez des lieux où le moyen âge tenait ses cours d’amour ; la silhouette des Alpines se dessine devant vous plus élégante, un clocher en aiguille va se dresser à l’horizon ; voici des prairies, des jardins, une eau limpide, et une ville entourée d’une ceinture d’ormeaux qui a remplacé son enceinte crénelée... C’était le vieux Glanum des Romains , c’est aujourd’hui Saint-Remy.

Je ne sais si, à l’époque où commence ce récit, au début du treizième siècle , la route d’Orgon à Saint-Remy était plus riante ; j’en doute : et si nous y trouvons un cavalier qui voyage sans éperonner son cheval , ce n’est pas qu’il soit moins pressé que nous d’arriver à la ville, où il doit