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Page:Pichot - Le Dernier roi d'Arles, d'Amyot, 1848.djvu/122

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BOI D*A1LB8. 111

pied me glissa ; et, sans les cris d’effroi d*uD mien cousin , mon complice. Je ne serais peut-être pas sorti ?ivant de celte piscine. En effet , le jardinier me retira à demi asphyxié, mais en revanche condamné, par layertu miraculeuse de cette immersion, à ne jamais trahir la vérité... même en écrivant des chroniques.

L’aubergiste de la Graille, qui descendait plus souvent dans sa cave que dans son puits , n’était pas, comme son historien , le plus véridique des conteur’s : il ne se piquait même pas de rester toujours dans les limites du vraisemblable, quand il cherchait à dédommager ses hôtes de la maigre chère de son auberge par les agréments de sa faconde. C’était à la fois le complimenteur le plus emphatique et le plus obstiné contradicteur qu’on pût voir. Avec ces deux qualités d*esprit qui sembleraient devoir s’exclure, maître Espeli était riche en ressources pour empêcher la conversation de languir. — Notre maquignon, qui le connaissait de longue date, sourit quand il le vit s’approcher de la table où déjà on lui servait son souper. « A beau mentir qui vient de loin. • il pensait sans doute à ce proverbe , et se sentait de force à lutter avec son hôte , sur quelque sujet que celui-ci voulût Tentreprendre.

— « En vérité, maître Coussane, dit maître Espeli en l’abordant, je vous félicite de votre heureux retour : vous ne pouviez ramener de plus beaux coursiers, sur mon àme ! ni arriver plus à propos. Le comte don Alphonse d’Aragon , qui est à Arles ^ ne quittera pas la république sans donner au moins un tournoi ; et nos chevaliers ne laisseront pas longtemps dans vos écuries des montures comme celles à qui je viens de faire mesurer moi-même une bonne ration d’avoine.

— te Grand merci, deux fois grand merci, maître Espeli ;