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Page:Pichot - Le Dernier roi d'Arles, d'Amyot, 1848.djvu/79

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68 BSSAI UISTOBIQUE

de Rome, indiquait la place où Jésus laissa les vestiges de ses genoux. Tel était le privilège de ce campo santo que les cadavres y étaient préservés de toute atteinte diabolique, d’après le maréchal Gervais de Tilbury. Aussi était-ce une grande consolation pour les mourants, que l’espérance d’y être enterrés : les riverains du Rhône y envoyaient à l’envi leurs morts, et, comme le raconte le maréchal, il suffisait de déposer dans une boite scellée le prix des frais funéraires ou droit de mortellage, puis de confier au cours du fleuve le cercueil destiné aux Alyscamps. Le cercueil descendait jusqu’à Arles, «et, quelque violent que fût le vent, il ne dépassait jamais l’extrémité du vieux quartier appelé la Roquette. » Les moines de Saint-Victor, de Marseille , qui desservaient l’église funèbre de Saint-Honorat, l’y recueillaient et se chargeaient des obsèques. Dante et Aristoste 1 ont célébré la nécropole d’Arles, où dorment du dernier sommeil les compagnons de Roland, de pieux évêques, et des morts moins illustres, dont quelques-uns avaient usurpé les sarcophages vides des païens, en traduisant les D. M., diis Manibus, de leurs inscriptions polythéistes, par le Deo Maximo du culte d’un seul Dieu, ou en sculptant sur le marbre de l’artiste romain le monogramme du Christ, la vigne, le poisson, l’arche, la colombe, et les autres symboles de la primitive Église. Que notre philosophie voltairienne ne s’indigne pas trop contre les traditions superstitieuses de l’Elysée arlé-

1 Si come ad Arli su ’l Rodano stagna Fanoo i sepolcri tutto ’l loco varo. Dante, Jnferno, vers 112.

.... Presso ad Arli, ov’I Rodano stagna Piena di aepoUare e la campagoa. Orlando furioso, cant. xxxix, vers 72.