Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tait dépouillé de toute arrière-pensée sur les événements, il avait parlé peut-être avec un peu trop de franchise à quelques uns de ces chevaliers de la fidélité. Les meilleurs cœurs laissent échapper quelquefois sous une forme plus ou moins malicieuse l’effet que produit sur eux un ridicule ; la bonhomie elle-même a sa pointe d’ironie comme l’abeille son aiguillon, et notre capitaine si doux, si courtois, si facile à vivre, avait le défaut de ne pas se refuser une épigramme plus ou moins déguisée. S’il n’attaquait pas, il ne se faisait pas faute d’une riposte. Ce genre d’esprit, très bien venu à Arles, n’est pas précisément du goût de celui qui n’a pas les rieurs de son côté. Un de nos gentilshommes qui, ayant été enseigne de vaisseau en 1792, avait, pour prix de ses bons sentiments, à défaut de service actif réclamé et obtenu, en 1814 le titre de capitaine de frégate, la croix de Saint-Louis, la croix d’honneur et une pension de dix-huit cents francs, quoique affligé d’ailleurs d’un patrimoine de quarante à cinquante mille livres de rente ; ce grand marin, parlant un jour à M. Babandy,