Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/260

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» Hier encore, nous sommes partis de bon matin pour une de ces explorations lointaines, qui nous procurent toutes les sensations de Robinson Crusoé allant pas à pas à la conquête des sites de son île. Après avoir admiré un étang appelé Villebon, où quelques laveuses, péniblement accroupies sur leur lessive, nous ont semblé aussi poétiques que les nymphes de Diane, nous avons hardiment gravi une montagne sauvage, par un sentier escarpé qui nous a conduits dans une véritable Sierra Morena ; nous commencions à avoir soif, et nous faisions des vœux pour que le hasard, auquel nous nous étions si imprudemment confiés, nous fît rencontrer une source d’eau vive, dont nous avions vaguement ouï parler quelques jours auparavant, chez un voisin plus ancien que nous dans le pays ; soudain, à notre main gauche s’ouvre une espèce de terrasse naturelle, d’où, abrités sous un grand chêne, nous voyons comme se dérouler la large toile du plus riche panorama que puisse rêver un peintre : au fond du tableau, c’est Paris tout entier ; ou plutôt, ce