Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/266

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famille célébrée sur leur petit théâtre de Bellevue, illuminé en verres de couleur à l’instar des tréteaux du Jardin Turc ou de Tivoli ? Dans la sécurité de leur bonheur champêtre, ils s’étonnaient d’avoir pu craindre de ne pas toujours se suffire l’un à l’autre. À Odille le chant de la linote perchée sur l’arbre voisin de son nid paraissait mille fois plus charmant que la doucereuse musique des compliments qu’elle entendait nagueres murmurer à son oreille, dans les salons de Paris. Lorsque, rêvant sous ses allées embaumées, elle faisait son examen de conscience, elle se reprochait à peine ses petits mouvements de coquetterie, si naturels à une jolie femme, continuellement flattée par son mari et les amis de son mari, tant elle se sentait forte contre toutes les suggestions de sa vanité dans l’atmosphère de la solitude, en voyant Maurice si heureux entre elle et sa fille. Quant à Maurice, arraché ainsi tout-à-coup aux aigres disputes du libéralisme et du royalisme d’alors, ne lisant plus de journaux, il se croyait revenu à cette délicieuse quié-