Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/284

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me laisser entrevoir que je n’étais pas indifférent à sa nièce. La pauvre tante ! elle avait tant souffert du préjugé nobiliaire, qu’au milieu même de sa famille exclusive, son imagination de vieille fille, attendrie par un retour sur sa jeunesse, l’avait tout-à-coup identifiée à une situation semblable à la sienne, et intéressée par conséquent aux malheurs supposés du fils de mon père et de sa propre nièce. Moi-même, en l’écoutant, je ne pouvais que subir je ne sais quelle influence romanesque ; ma tête se monta, et la belle Laure lut bientôt dans mes regards que j’étais amoureux de bonne foi. Mademoiselle Éléonore de Rollonfort ne me refusa pas alors sa pitié, et il fut question sérieusement d’aplanir tous les obstacles à une union qu’elle approuvait. Il faut vous dire que mademoiselle Laure a dix-huit ans, qu’elle est orpheline, avec un frère puîné, et que sa tante remplace seule sa mère auprès d’elle : si une tradition de famille la soumet aux convenances de ses parents les Tancarville, la renonciation volontaire de