Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/35

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comme partout, quoique Arles, je le répète, eût été une des villes où la restauration fut saluée avec le plus d’unanimité, il pouvait bien se rencontrer déjà, en mai 1814, quelques opposants au nouvel ordre de choses, soit parmi les anciens patriotes, soit parmi les royalistes purs, qui commençaient à supposer des regrets aux partisans de l’empire. Au quartier de la Roquette un vieux soldat de Napoléon aurait bien pu trouver en effet quelque marin de la garde ou quelque vieux Monaidier[1] pour vider à huis-clos une bouteille de vin de Craü à la mémoire de l’exilé de l’île d’Elbe ; mais, par un singulier hasard, c’était ce quartier-là même dont les hussards avaient le plus à se défier. Nous n’avons pas pour rien du sang maure et du sang espagnol dans les veines ; nous savons, à Arles, haïr de père en fils, et ce n’est pas une trentaine d’an-

  1. Note pour le lecteur parisien : La Roquette est le quartier des marins. On appelait Monaidiers et Siphoniers, à Arles, les Républicains et les Royalistes ; les premiers parce qu’ils avaient choisi une pièce de monnaie pour emblème ; les seconds un siphon.