Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gie nécessaire pour les exécuter. Il finirait par se résigner aux faiblesses et aux vices timides de sa nouvelle existence. Trop fatalement malheureux pour ne pas comprendre tout le genre humain dans sa haine, hommes et femmes, mais seul contre tous et réduit à la vengeance secrète d’un démon, il imiterait tant d’autres héros qui se font glorifier avec des succès usurpés. Qui sait ? peut-être se consolerait-il ironiquement de sa mésaventure en se faisant attribuer de mensongères conquêtes ? Peut-être Armand passerait-il pour un homme à bonnes fortunes ? Peut-être sa vanité irait-elle jusqu’aux périls de ce rôle dangereux rêvé par sa folle jeunesse, et il préférerait se battre en duel plutôt que de démentir victorieusement la médisance qui l’accuserait d’avoir ruiné la réputation d’une femme ? Peut-être enfin, il est vrai, une plus noble ambition lui serait-elle restée pour le distraire de cette puérile gloriole ? Au lieu d’employer son humeur chagrine à troubler les ménages, peut-être s’élèverait-il à l’esprit d’intrigue qui bouleverse un État et sème les tempêtes d’une révolution