Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/405

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sublime et indéfinissable, au lieu d’un être déclassé, par suite d’un accident ? un Dieu qui a daigné se soumettre aux faiblesses humaines, au lieu d’une vanité malade qui voudrait se faire décerner l’Olympe, à cause de deux ou trois éclairs de verve désordonnée ?

— Arrête, mon cher Théodose ; je t’écoute toujours, mais déjà je ne te comprends plus…

— Le Dieu se retire donc dans son nuage. Adore-moi, homme de peu de foi ! Qu’as-tu besoin de me comprendre, esprit borné ? Voudrais-tu me mettre en contradiction avec moi-même, insolent ? Quoi ! tu me défies d’enfanter le chef-d’œuvre que j’ai promis au siècle, le plan de constitution qui doit régénérer le monde ? tu ne crois plus à mes phrases, mais les mots sont les choses, on l’a dit avant moi, mauvais logicien ; exalte-moi sur parole, morbleu ! et surtout ne t’avise pas de me juger après m’avoir enivré de ton encens : contente-toi d’être le premier critique du siècle, par la raison que moi, ton ami, je suis le premier poëte ! mais non, je suis ministre, contente-toi d’être