Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/178

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l’intéressai en lui racontant combien j’étais à plaindre, et je n’hésitai pas long-temps à la suivre lorsqu’elle me proposa de partir secrètement avec elle pour Lyon où elle venait d’être engagée au grand théâtre. Je n’avais encore aucun projet arrêté sur ce que je pourrais faire dans cette ville ; mais j’étais bien décidée à y mourir de faim plutôt que de retourner à Arles sous la dépendance de ma belle-mère. Je vécus trois mois à Lyon avec madame Phillis, qui avait cru me reconnaître des dispositions pour la comédie. J’appris même un rôle que j’osai débiter avec assurance devant le directeur ; dans ce rôle je devais feindre la folle et exécuter un pas de danse. Le directeur eut la franchise de me dire : Mon enfant, vous serez applaudie à triple salve lorsque vous danserez, mais je crains que vous n’arriviez pas sans encombre jusque là. D’ailleurs j’ai besoin d’une danseuse, et j’ai une amoureuse de trop. — Je le remerciai de l’avis, et, après un mois d’études, mon début fut annoncé dans le ballet de Clary. Soit que le parterre de Lyon y mît de l’indulgence, soit que je fusse bien